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  • Elle a beau brouiller les pistes, classer les multiples facettes de son travail dans de rigoureux tiroirs, son manège ne trompe personne. On voit bien qu’elle préfère ce qui dérange, sème le désordre, bouscule les certitudes. Elle doit adorer le petit bonhomme rebelle et fugueur de Calvino qui ne quittait plus son arbre, elle accompagne la printanière Alice dans son échappée belle, au fond du terrier fiévreux où les cailloux ont des rêves, où les évidences les plus criantes ne sont que mirages...

    Pas forcément décevants, d’ailleurs, car les apparences se révèlent plus alléchantes que la réalité. Les villes improbables, disloquées, qu’on arpente ici sont plus fréquentables que nos glaciales cités, leur labyrinthe moins inextricable que les parcours fléchés qu’on nous trace et nous impose. Le petit Poucet n’aurait-il pas envie, parfois, de savourer son errance, plutôt que de retrouver la route et quitter la luxuriance de la forêt ?... Les chemins perdus sont les plus attrayants, les plus riches en surprises, en rencontres.

    Cette peinture nous convie donc à une escapade buissonnière et on s’y amuse beaucoup. On y traque le sérieux avec la grâce espiègle qui est la marque de fabrique de Claire Harel, ce mélange de talent affûté et de fraîcheur enfantine auquel on reconnaît sa patte.... Mais la façade malicieuse de ses tableaux ne masque pas la gravité de la scène qui se déroule en coulisses, n’en efface pas le crucial enjeu - l’urgence d’apprivoiser l’oppressante jungle, de redonner sens à l’univers déboussolé, de faire du chaos une terre habitable.

    C’est dire ce qu’il a fallu vaincre de peurs, dénouer d’angoisses, avant d’aborder aux plages mutines et foisonnantes de ces toiles, ce qu’il a fallu de patience, de ferveur, pour exorciser la confusion d’énigmes, de rébus indéchiffrables qu’est devenu le monde - un fouillis d’étranges hiéroglyphes dont on ne sait percer les mystérieux conciliabules. Contre les mauvais coups, contre les mauvaises ondes, notre artiste s’insurge, mais jamais ne se lamente, ne cède un pouce de son territoire inspiré. Elle allume ses contre-feux, brandit ses tags hirsutes, ses flambeaux échevelés, elle ouvre son jardin secret aux rumeurs sauvages, aux oiseaux lointains, à tout ce qui tressaille et palpite, elle se pare des diamants de la nuit, comme elle s’enivre à l’aube des éclaboussures d’un soleil neuf.


Claire Harel, artiste peintre bordeaux, indépendants plasticiens, femme graphiste

Claire Harel


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